Comme annoncé en présentation du projet, les premières interviews du Taidan Corner vont arriver rapidement via les interviews réalisées pour nos fanbooks parus en 2019. Celles-ci sont plus courtes car vouées à paraître sur une ou deux pages seulement, mais elles n’en sont pas moins intéressantes !
En mai 2019, à l’occasion de l’écriture du fanbook anniversaire Good Monsters centrée sur la franchise Monogatari, nous nous étions brièvement entretenus avec l’animateur et réalisateur de génériques Yukio Takatsu. Il est notamment connu pour ses génériques d’ouverture pour les Monogatari, en particulier Platinum Disco, Kogarashi Sentiment, marshmallow justice, mathemagics, ou encore Orange Mint. Il a également réalisé un ending pour March Comes in like a Lion et divers génériques de jeu vidéo (comme récemment pour Haven). On vous rappelle que le manga et light novel Monogatari sont publiés en France par Pika, et l’anime est disponible en physique chez Dybex pour les premières saisons, et à partir de Second Season sur internet chez Wakanim.
- Vous travaillez depuis de nombreuses années sur des productions du studio SHAFT, et c’est principalement ce pour quoi on vous connaît dans le monde de l’animation japonaise. Comment en êtes-vous arrivé à travailler sur l’adaptation animée de Monogatari ?
J’ai été contacté directement par SHAFT qui m’a proposé de travailler sur la série, tout simplement.
- Sur les génériques que vous avez réalisés, vous explorez des styles très différents mais on peut noter des points communs visuels dans la plupart : beaucoup de symétrie et des rotation, des effets de morphing, et des coupures et formes très “géométriques”. Avez-vous des inspirations particulières qui ont amené au développement de ce style ?
De base, j’essaie de produire chacun de mes travaux de créer avec un style différent. Mais vu que mes goûts et préférences entrent en jeu et que je travaille principalement seul, je pense que les points communs qui reviennent en recherchant l’efficacité ont fini par former ce que vous appelez « mon style ».
- L’univers des séries Monogatari est assez complexe et dense, avec beaucoup de personnages différents et d’arcs narratifs. Est-ce un obstacle pour vous quand vous concevez un générique ? À quoi vous fiez-vous pour créer un univers visuel ?
Pour les séries Monogatari, je pense qu’il n’y a pas besoin de suivre l’histoire des épisodes eux-mêmes, et qu’il suffit d’exprimer les particularités de chaque personnage. Donc comme je travaille en demandant en gros comment les choses se passent et ce qui fait le personnage, je ne regarde pas forcément tout quand je travaille.
Mais en fait, il arrive qu’à la production ça donne des résultats intéressants, et après coup il m’arrive moi-même d’être surpris par certains points communs ou sens cachés.
- Vous faites habituellement vos génériques en solo (story-board, réalisation et direction de l’animation). Est-ce un choix évident pour vous ou plutôt une contrainte (de temps ou de logistique, par exemple) ?
Vu que je travaille seul, je peux me consacrer au moindre petit détail, et j’aime beaucoup ça, mais il est normalement plus facile de travailler en grand groupe. Mais quand on est seul, il n’y a pas besoin d’avoir de réunions ou de vérifications, donc pas de choses qui coûtent en stress et en temps, ce qui m’arrange bien.
- Récemment, vous avez pu travailler sur d’autres projets comme March Comes in Like a Lion ou une publicité pour le quartier d’Ikebukuro. Y a-t-il des particularités à travailler pour Monogatari par rapport aux autres productions (que ce soit dans ce qu’on vous demande ou la façon dont vous travaillez) ?
On va dire que dans les séries Monogatari, au vu de la direction initiale de la série, on a un champ d’expression très libre, beaucoup de points où il est possible de bien s’amuser, et ça, je ne le trouve pas dans d’autres séries.
- Vous vivez maintenant en France, on a d’ailleurs pu vous voir à différentes éditions de la convention Jonetsu. Est-ce que travailler à distance vous a forcé à changer certaines choses dans votre travail de réalisation de génériques ?
Il n’y a pas vraiment de problème à communiquer via Internet, si ce n’est ceux liés au téléchargement ou à l’envoi des fichiers finaux, puisqu’ils sont souvent très gris. Il faut anticiper ça et donc finir le travail suffisamment à l’avance ou penser au décalage horaire, ce qui limite parfois le temps utilisable pour les réunions.
Ensuite, de nombreux studios sont maintenant habitués au tout-numérique pour le travail de dessin, donc le lieu n’a plus vraiment d’importance, à notre époque.
[Interview réalisée par e-mail en mai 2019. Merci à Yukio Takatsu pour sa disponibilité et Stéphane Lapie pour la traduction]